Episode N°5 : Les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes deviennent Vie Féminine

1920-2020, cent ans d’action de Vie Féminine pour les femmes et par les femmes

100 ans


En 1969, les LOFC choisissent de se définir comme un « mouvement chrétien d’action sociale » et prennent pour nom « Vie Féminine ». Ce changement marque l’aboutissement d’une longue réflexion menée par les dirigeantes pour adapter leur mouvement aux transformations que connaît la condition des femmes au cours des années 1960.


Entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le début des années 1960, les femmes ont progressivement acquis un certain nombre de droits politiques (comme le droit de suffrage en 1948) et économiques (comme le droit de travailler sans l’accord du mari en 1958). Des évolutions techniques et scientifiques, comme le développement de l’électroménager et de la pilule contraceptive, ont impacté la vie quotidienne des femmes, et contribué à la mise en cause des rôles féminins traditionnels.

JPEG - 1.7 MioEntre 1965 et 1969, les LOFC entreprennent une vaste consultation de leurs membres afin de redéfinir leurs priorités, et publient en 1969 un « Nouveau Statut » pour les femmes, qui constitue le nouveau programme de l’organisation. Leur objectif est de s’inscrire dans le grand mouvement de « promotion féminine » – omniprésent dans le contexte social des années 1960 – et d’y accompagner leurs membres, tout en sauvegardant la valeur fondamentale de la famille, menacée, selon les LOFC, par les « excès » d’une certaine vision de la libération féminine.

L’épanouissement de la « femme moderne »
JPEG - 2.8 MioDans son « Nouveau Statut », Vie Féminine remplace le « devoir familial » des épouses par un nouvel idéal d’épanouissement personnel, qui peut désormais se réaliser par un engagement social ou professionnel, par la culture, les loisirs ou une sociabilité hors du foyer. La famille n’est donc plus l’élément unique de la vie des femmes, mais elle conserve cependant une importance capitale pour Vie Féminine : la maternité reste une composante essentielle de l’épanouissement féminin. L’organisation met en avant son attachement aux valeurs familiales pour se distinguer des nouveaux mouvements féministes qui émergent au même moment (comme les Dolle Mina’s, les Marie Mineur ou le Front de Libération des Femmes) : pour Vie Féminine, l’émancipation des femmes doit s’appuyer sur leur rôle maternel spécifique. L’organisation défend notamment des allocations d’interruption de carrière pour les jeunes mères, des allocations pour permettre aux femmes de rester au foyer, et divers dispositifs pour que les femmes puissent combiner les tâches familiales et professionnelles, comme le travail à temps partiel. Ainsi, malgré un discours sur la promotion féminine axé sur la liberté de choix, la position du mouvement participe à la reconduction des divisions genrées du travail, qui assignent les femmes à la sphère familiale…
Juliette Masquelier


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