Des femmes en soutien aux femmes sans-papiers
Appel à solidarité à l’initiative de Vie Féminine avec le soutien d’Amazone
Ce vendredi 15 février, nous sommes toutes réunies au 91 de la Rue Royale, où depuis plus de 45 jours, quelque 160 sans-papiers ont en désespoir de cause entamé une grève de la faim. Le vide politique sur la question de la régularisation, qui les a amenés à cette action, est tout aussi insupportable que la situation dans laquelle se trouvent ces personnes.
Parmi ces grévistes, les femmes occupent le premier étage du bâtiment. Pour certaines, ce n’est pas la première occupation ; pour beaucoup, ce sera, pensent-elles, l’ultime. Parmi ces femmes, beaucoup ont laissé leurs enfants à la maison ou dans une famille qui les accueille provisoirement. Partagées entre l’envie de s’occuper de leur famille et l’espoir d’obtenir enfin des papiers, elles se sont jetées à corps perdu dans la bataille. Certaines font la grève de la faim, d’autres pas : il y a les enfants à aller chercher à l’école, le loyer qu’il faudra encore payer, l’argent à trouver... Ces femmes qui ne font pas la grève de la faim soutiennent néanmoins les grévistes. En plus de la culpabilité qu’elles ressentent par rapport à la souffrance des grévistes, elles sentent souvent que leur engagement dans cette occupation est minimisé (par les médias, notamment) par le fait qu’elles continuent à s’alimenter. Beaucoup d’entre elles tiennent ce même langage : sur leurs épaules reposent des responsabilités familiales, éducatives, domestiques qui ne leur permettent pas d’entamer une grève de la faim, perçue pourtant par elles et par beaucoup de sans-papiers comme l’unique solution pour être régularisés.
Par ailleurs, de nombreuses autres femmes sans papiers n’ont jamais mis les pieds dans un lieu occupé ; complètement isolées, elles continuent à recevoir des ordres de quitter le territoire, mais ne peuvent compter ni sur la solidarité collective d’une occupation ou d’une grève de la faim – aussi douloureuse soit-elle –, ni sur les phares des médias.
Nous nous inquiétons pour l’ensemble de ces femmes : grévistes, non grévistes, isolées, médiatisées ou pas. Elles ne savent plus comment réagir face au flou total et à l’arbitraire. Cette insécurité et cette violence ne font que s’ajouter à la situation déjà précaire de non-droit dans laquelle elles vivent souvent depuis des années.
Tout récemment, ces femmes ont lancé un appel : recevoir un soutien de la part de femmes connues ou actives au sein de milieux « prestigieux » (selon leurs propres termes), qui pourraient sortir leur cause de l’anonymat et faire en sorte que leur voix soit entendue.
Pour sortir de cet arbitraire et de cette violence, des femmes provenant de différents milieux (culture, médias, entreprises, politique, etc.) sont invitées à manifester leur solidarité avec les femmes sans papiers et à rappeler :
- l’urgence d’une régularisation basée sur des critères clairs pour tous et toutes les sans papiers ;
- la nécessité de mettre en place une Commission permanente et indépendante de régularisation ;
- l’importance de critères de régularisation qui tiennent mieux compte de la situation spécifique des femmes.
- La nécessité d’un moratoire sur les ordres de quitter le territoire.
Anita Vanhoutvinck
Secrétaire de direction- directiesecretaresse
ASBL Amazone vzw, tel : 02 229 38 23
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Hafida Bachir
Présidente de Vie Féminine
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