Episode N°4 : Le soutien des LOFC à la grève de la FN Herstal

1920-2020, cent ans d’action de Vie Féminine pour les femmes et par les femmes

100 ans


Le 16 février 1966, les ouvrières de la Fabrique Nationale d’armes d’Herstal entrent en grève sous le mot d’ordre « à travail égal, salaire égal ». Cette grève fera date dans le combat pour l’égalité salariale en Belgique. Parmi les nombreuses organisations féminines et féministes qui soutiennent les ouvrières durant ces douze semaines se trouvent les Ligues Ouvrières Féminines Chrétiennes (LOFC).


Depuis leurs débuts, en tant que mouvement féminin chrétien dans le monde ouvrier, les LOFC tentent, tant bien que mal, de concilier l’idée que la place des femmes est au foyer avec les contraintes économiques qui pèsent sur leurs adhérentes.
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Les LOFC et la défense des travailleuses
Ainsi, durant les années 1930, les LOFC militaient pour l’interdiction du travail des femmes mariées au nom de la protection de la famille. Cependant, elles contestaient aussi le principe d’infériorité salariale des femmes, au nom de la protection des femmes célibataires qui, sans mari, n’avaient d’autres ressources que leur travail.
Durant les années 1950, le mouvement faisait encore campagne pour que toutes les femmes restent au foyer, mais militait aussi pour des solutions permettant aux femmes contraintes de travailler « de rester, avant tout, femme, épouse et mère », par exemple en organisant des garderies. En même temps, les LOFC accueillaient aussi positivement les nouvelles conventions internationales qui incitaient les États à instaurer l’égalité salariale.

Un mouvement divisé
Lorsqu’en 1966, la grève des ouvrières de la FN Herstal porte la question de l’égalité salariale à la une de l’actualité, les dirigeantes des LOFC soutiennent avec enthousiasme les ouvrières grévistes. Les LOFC participent aux manifestations, apportent leur appui dans des meetings et dans leurs propres publications, et encouragent l’engagement des travailleuses dans l’action syndicale. Mais les femmes du mouvement, la plupart femmes au foyer, comprennent mal cet intérêt porté aux travailleuses.
Pour tenter de combler le décalage entre une majorité de membres plus âgées et hostiles au travail salarié féminin et un nombre encore faible de jeunes femmes qui cumulent tâches professionnelles et familiales, les dirigeantes développent de nombreux outils pédagogiques axés sur la solidarité entre travailleuses professionnelles et travailleuses au foyer. Mais ce modèle se base toujours sur l’idée que le travail salarié féminin est une contrainte, et il faudra encore attendre les années 1970 pour que Vie Féminine commence à valoriser le choix des femmes de travailler professionnellement.
Juliette Masquelier


Pour aller plus loin
Marie-Thérèse Coenen, La grève des femmes de la FN en 1966, Pol-His 1991.
«  À travail égal, salaire égal ! », axelle n° 186.


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