Matinée « Féminisme décolonial »


Le mardi 6 octobre, dans le cadre de la plateforme associative « Décolonisation des esprits et de l’espace public » dont Vie Féminine est partie prenante, nous avons organisé une matinée consacrée au concept de « Féminisme décolonial ».


Au travers de cette conférence et grâce à nos trois intervenantes, nous avons cherché à mettre en lumière les liens qui existent entre les différents niveaux d’analyse des systèmes de domination (et des inégalités/discriminations qui en découlent), les mécanismes derrière l’intersectionnalité ainsi que les pratiques dites « inclusives » qui doivent se développer au sein des institutions.

Christelle Asante, de l’association SERCOM, est partie de la notion d’exclusion sociale pour montrer comment se construisait la discrimination systémique, cela en montrant comment la réalité sociale peut être vue à travers plusieurs niveaux de lecture – de l’individuel au global – et comment ce sont sur ces mêmes différents niveaux qu’il est nécessaire d’agir pour changer les individus, les institutions et ainsi la société.

Ensuite, avec Hafida Bachir, secrétaire politique de Vie Féminine, nous avons vu comment se pense, se construit et se matérialise l’intersectionnalité au sein du mouvement féministe. Nous avons ainsi vu qu’il y avait sans cesse une lecture de la société qui tient compte des trois systèmes de domination que sont le patriarcat, le racisme et le capitalisme, systèmes qui impactent, dans différentes mesures, les femmes avec lesquelles nous travaillons. Le fait d’inscrire cela dans la pratique quotidienne en effectuant toujours un retour entre grilles d’analyse et terrain permet de créer des « solidarités chaudes » qui répondent aux besoins, multiples, des femmes.

Enfin, avec Irène Kaufer, de l’Asbl Garance, nous avons abordé la question des minorités (visibles et non visibles) au sein d’un mouvement global comme le féminisme : comment rendre compte des réalités des unes, sans invisibiliser celles des autres ? Comment faire exister ensemble des combats qui semblent contradictoires ? Comment aller vers la convergence des luttes ?
S’il est complexe de trouver des réponses parfaites à ces questions, nous avons pu identifier avec Irène quelques pistes de réponses. Le fait est que chacun.e peut appartenir à la fois à des classes dominantes et des classes dominées. Il s’agit ainsi de sortir de la hiérarchisation des luttes, sortir de l’idée que certains combats sont prioritaires par rapport à d’autres. Les groupes peuvent avoir à la fois des luttes communes et des luttes distinctes : il serait donc possible de se rejoindre pour faire front contre des « ennemis communs » sans participer aux luttes qui s’avèrent contradictoires mais sans les affaiblir non plus. Plus facile à dire qu’à mettre en œuvre peut-être, mais c’est précisément là tout l’enjeu pour avancer vers plus de convergence entre les luttes, plus d’inclusivité dans les pratiques et dès lors, déconstruire les systèmes de domination ainsi que les inégalités qui en découlent.

Une matinée riche en échanges et en débats, qui a ouvert de nombreuses réflexions et nous donne ainsi envie d’organiser encore d’autres moments comme celui-ci ! Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de ces prochaines rencontres et espérons vous y voir nombreuses !


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